Séminaire de terrain à Nantes / Vidéo de l’intervention de Pierre Oréfice et Jacques Soignon : les Machines de l’île et l’aménagement de la ville
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Le 20 novembre 2019, les membres de SCAENA ont rencontré Pierre Oréfice et Jacques Soignon dans le cadre du séminaire de terrain à Nantes et les ont entendu sur les Machines de l’île et l’aménagement de la ville.
Dans leurs interventions, Pierre Oréfice et Jacques Soignon reviennent sur la genèse et l’évolution des Machines de l’île en relation avec le projet urbain et paysager de la ville. L’importance d’événements et de l’émergence d’équipements forts est rappelé dans la construction de la vie culturelle nantaise. Ils y démontrent notamment la spécificité nantaise de l’expérimentation dans la mise en oeuvre du projet urbain.
Pierre Oréfice est le Directeur des Machines de l’île et Jacques Soignon est le Directeur du service Espaces Verts et environnement de la ville de Nantes.
Pierre Oréfice est revenu sur la genèse des Machines de l’île, qui constituent le premier élément de l’île de Nantes inauguré. A ce moment-là, le projet de métropole est en train d’être dessiné et Jean-Marc Ayrault lance un projet de rénovation urbaine de l’île de Nantes.
Ce qui était un drame économique à l’époque est devenu une chance incroyable, car il y avait des dizaines d’hectares qui se libéraient et Nantes pouvait réinventer son centre-ville. C’est alors un grand projet urbain et il faut donner une âme à ce quartier. Nous avons proposé de créer un grand atelier, de construire des choses, des structures urbaines et mobiles, qui vont occuper le territoire au fur et à mesure de l’avancée des travaux. (P. Oréfice)
Il existe un vaste espace libre au cœur de la ville, appelé le Parc des Chantiers – site des Nefs – Site des Machines. Dans un premier temps est créé l’Atelier en 2007, puis la Galerie des Machines puis le Grand Eléphant, avec en perspective tout de suite le Carrousel des Mondes Marins. La Galerie des Machines se voit nourrie d’éléments du carrousel au fur et à mesure de l’avancée du projet. Les Nantais peuvent donc voir les éléments en construction dans la galerie et les tester. En 2007, lors de l’ouverture du Carrousel, on assiste à une grande migration. On remplace l’univers marin par l’implantation du futur projet des Machines, l’Arbre aux Hérons en 2012.
Ce qui était un projet « Ile de Nantes » est devenu un projet qui intègre l’autre rive de la Loire avec la carrière de Chantenay, qui est le lieu du jardin extraordinaire, le lieu de l’Arbre aux Hérons, ce qui n’était pas prévu au départ. On sort du périmètre de l’île et investit plus largement la ville. (J. Soignon)
Le projet de l’Arbre aux Hérons a existé dès lors que l’idée de cette carrière de Chantenay a surgi. Cet espace est un lieu qui attendait son heure, une ancienne brasserie abandonnée, qui, jusqu’à maintenant, n’avait fait l’objet que de projets immobiliers (tours d’habitation notamment). Du point de vue de la répartition des touristes et des parkings et de l’offre touristique nantaise, il semblait alors intéressant de créer deux lieux distincts pour les Machines.
Les Machines ont tout de suite été vues comme un outil de l’aménagement du territoire, en relation avec la SAMOA. L’implantation des Machines a apporté de la valeur au terrain, avec des entreprises et des activités qui se sont implantées sur l’île.
Les machines sont d’abord pensées pour les Nantais, elles font la fierté des habitants. (P. Oréfice)
Pourtant, on assiste à une levée de boucliers et un grand débat à Nantes pour les gens du quartier, autour de la carrière Miséry à Chantenay notamment, qui considèrent que les Machines sont trop touristiques.
Avant les Machines, les conférenciers ont collaboré sur d’autres projets d’aménagement, le port Feydeau (centre-ville), les jardins flottants devant la préfecture.
Ces projets événementiels sont devenus des projets durables par l’adhésion du public. Progressivement, c’est devenu une forme de spécialité nantaise, avec un bureau d’étude. D’une ville décor, on est passé à une ville à vivre. (J. Soignon)
Jacques Soignon rappelle que tous ces projets d’aménagement naissent des relations et de la complicité entre les Machines et les services municipaux et des espaces verts.
Dans le même temps, la ville a senti que les espaces verts pouvaient avoir une valeur dans l’espace de plus en plus importante.
Le Jardin des plantes, par exemple est devenu une star : il est passé de jardin patrimonial à jardin vivant, en invitant des artistes, et ainsi en associant le monde artistique à l’aménagement (ex. Claude Ponti). L’un des grands apprentissages du Royal de Luxe est comment l’histoire racontée peut faire aller aussi loin dans la participation du public. Le Jardin des plantes est aujourd’hui la première attraction touristique de Nantes, et attire 2 300 000 visiteurs chaque année.
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SCAENA remercie vivement Pierre Oréfice et Jacques Soignon pour leur intervention dans le cadre de ce séminaire de terrain.